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Île de Pâques/Manavai

Les savoirs ancestraux à la rescousse des plantes indigènes

Sous-titre
Ile de Pâques - Chili
Introduction

Nichée aux confins du Pacifique Sud, l’île de Pâques (Rapa Nui, littéralement « la Grande Rapa », en langue autochtone) exerce une fascination hors du commun. Mais si les figures mystérieuses des moai qui en ornent les côtes ont depuis longtemps reçu la protection qu’elles méritent, la biodiversité végétale de cet écosystème unique peine, elle, à trouver un même écho de préservation. C’était sans compter sur le projet inédit initié par la CONAF, notre partenaire chilien.

Contenu
Texte

Un patrimoine isolé et en danger

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Possession chilienne depuis 1888, l’île de Pâques est située à plus de 3 500 km des côtes du pays. La terre habitée la plus proche, l’île Pitcairn, est à plus de 2 800 km. Isolée, Rapa Nui l’est à plus d’un titre ! Ces 166 km² forment une écorégion à part entière, abritant les derniers vestiges d’une biodiversité autrefois riche et absolument unique.

De ce foisonnement ne subsistent aujourd’hui que 48 espèces végétales natives dont 11 sont endémiques. 13 sont classées en danger d’extinction ou danger critique d’extinction, et 14 sont considérées comme vulnérables. Un patrimoine bien plus discret que les moai mais tout aussi essentiel à l’histoire et à l’avenir des 7 750 rapanui qui peuplent l’île.

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Où sont passées les plantes ?

Qu’est-il arrivé à la biodiversité botanique de l’île de Pâques ? Le sujet fascine presque autant de celui, très lié, de la disparition de la civilisation attachée aux moai. Le territoire frappe aujourd’hui par sa surface pelée et dénuée de grande végétation. Pourtant, les explorateurs européens du 18e siècle font état de forêts de toromiro et de fougères, et les archéologues ont mis en évidence la présence de plus de 25 pollens d’arbres différents dans les sédiments, ainsi que des traces de racines et de noix de palmiers. De nombreuses théories ont été avancées, notamment celle d’un déboisement massif ayant entraîné des modifications profondes du cycle de l’eau et la perte colossale d’une biodiversité incapable de survivre face aux menaces conjuguées de la sécheresse et de l’érosion des sols.

Notre 21e siècle apporte des certitudes quant aux menaces actuelles qui pèsent sur l’île : 90% du territoire est aujourd’hui constitué d’espèces exotiques envahissantes qui ne laissent que peu de chances aux plantes indigènes. Le changement climatique multiplie les phénomènes extrêmes, avec notamment une sécheresse prolongée depuis une dizaine d’années, et des feux fréquents. L’agriculture s’intensifie, de même que le pâturage incontrôlé des herbivores.

Or, le patrimoine floristique de l’île de Pâques n’est pas seulement digne d’intérêt d’un point de vue scientifique : il constitue un véritable héritage vivant, au cœur de traditions culturelles et artistiques ancestrales, un élément important de transmission qu’il est urgent de préserver et de faire connaître.

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Restaurer le présent et assurer l’avenir en s’inspirant du passé

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Le projet porté par la CONAF (Corporation Nationale des Forêts au Chili) et soutenu par Klorane Botanical Foundation, vise à conserver 60% de la flore de l'île, en créant un espace de conservation botanique de plus de 4 000 m2, une banque de graines, et un ensemble de constructions ancestrales.

 

L’une des clés de ce dispositif repose en effet sur une technique agricole 100% locale : les manavai. Littéralement « pouvoir (mana) de l’eau (vai) », ces cercles de pierres volcaniques sont une innovation insulaire qui en dit long sur la capacité à la résilience face aux changements environnementaux. À l’intérieur de ces structures circulaires, les plantes indigènes maintiennent un taux d’humidité propice à leur croissance et leur propagation, et sont protégées des intempéries et de la sécheresse. Elles sont ainsi préservées pour l’alimentation, la reproduction, l’art, la construction ou les cérémonies traditionnelles.

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Une vingtaine de ces manavai seront installés dans des zones ouvertes attenantes à la pépinière Mataveri Otai, hébergée par la CONAF. Ce pôle d’éducation et de conservation abritera quelques-unes des espèces les plus emblématiques de l’île, comme le toromiro (Sophora toromiro, éteint mais en voie de réintroduction), le mako’i (Thespesia populnea), le marikuru (Sapindus saponaria), ou le pua (Curcuma longa).

 

Le projet entend aussi associer la communauté rapanui en utilisant cette démarche comme support de sensibilisation et d’éducation à l’environnement et aux savoirs autochtones. Les plantations seront réalisées avec des groupes d’enfants, qui seront également initiés à la construction d’un manavai. Au-delà de l’implication des jeunes dans la transmission des savoirs, ce système ancestral permettra de repopulariser un modèle facilement reproductible qui pourra être dupliqué dans les foyers de l’île, dans les hôtels ou les bâtiments publics, pour étendre ainsi le champ de la conservation.

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Rétablir la biodiversité végétale de l’île de Pâques sert ainsi le triple objectif d’assurer la résilience de l’écosystème, de lutter contre les effets du changement climatique en renforçant les sols et le cycle de l’eau, et de reconnecter les communautés avec leur histoire et leurs savoirs ancestraux.

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CHIFFRES CLÉS :
Colonnes
48
espèces végétales natives dont 11 endémiques
60%
de la flore de l’île de Pâques préservée
4 000 m²
de réserve botanique
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« Grâce à un travail de conservation au long cours, la CONAF a réussi à développer un jardin botanique et une banque de semences. Notre projet s’étoffe aujourd’hui en revalorisant les techniques ancestrales et en misant sur la communauté. L’éducation et la sensibilisation sont essentiels si l’on veut que notre travail puisse durer sur des générations. C’est aussi une formidable manière de reconnecter nos sociétés à notre environnement et de réparer ce lien vital. »

Christian Little, DIRECTEUR Exécutif de la CONAF

 

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Notre partenaire :

Conaf

La Corporación Nacional Forestal (CONAF) est une entité de droit privé rattachée au ministère de l’agriculture chilien et chargée de la politique forestière du pays. Elle œuvre à la conservation et la gestion des espaces forestiers, en encourageant notamment les projets de revégétalisation et de sensibilisation.