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Picoides tridactylus - Białowieża © Pierre Chatagnon

Primaire, secondaire, vierge, naturelle : les différents types de forêts

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Luxuriantes ou clairsemées, à proximité ou isolées, boréales, tempérées ou tropicales, les forêts sont partout, mais ce sont loin d’être toutes les mêmes.

D’après la FAO 1 (l’organisme des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), une forêt est un milieu « occupant une superficie de plus de 0,5 hectares avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert arboré de plus de 10% ». Mais derrière l’arbre se cachent bien des types de forêts !

1 FAO. 2021. Évaluation des ressources forestières mondiales 2020 : Rapport principal. Rome.

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Forêt primaire et forêt secondaire

Écosystème intact, la forêt primaire est une forêt qui n’a pas été endommagée par l’activité humaine et qui a réussi à atteindre un grand âge sans que sa biodiversité n’ait été réduite par des phénomènes d’origine anthropique. La forêt primaire représente un peu moins de 30% des forêts du monde à l’heure actuelle. La plupart se trouvent dans des zones reculées, principalement au Brésil, au Canada et en Russie, qui à eux trois en concentrent 61%.

Par opposition, une forêt secondaire est une forêt qui a subi d’importantes modifications de la main de l’Homme : destruction, exploitation, la forêt secondaire garde l’empreinte de ces dégradations, au point que sa biodiversité en a été fortement atteinte. Ce sont l’immense majorité des forêts que nous connaissons et fréquentons. Par rapport aux forêts primaires, les forêts secondaires se caractérisent par une plus faible proportion d’espèces très anciennes, une moins grande diversité génétique, un degré de naturalité inférieur, et une fragmentation écologique plus importante.

On y trouve en général des arbres de plus petite taille, moins d’arbres morts au sol (véritables micro-écosystèmes dans les forêts primaires), et un sous-bois plus dense du fait d’une canopée plus clairsemée qui permet à davantage de lumière d’atteindre le sol. Elles peuvent tout de même abriter des espèces indigènes, selon leur degré de conservation et les choix d’exploitation qui ont été faits par le passé.

Le plus important, c’est que s’il est malheureusement possible qu’une forêt primaire soit dégradée en forêt secondaire, le chemin inverse est aussi vrai : une forêt primaire peut être recréée à partir d’une forêt secondaire…à condition de lui laisser du temps, beaucoup de temps !

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Forêt vierge, naturelle, ancienne ou primitive

Quatre mots pour désigner en réalité des concepts très proches de la forêt primaire. Mais avec quelques nuances tout de même.

On a d’abord pour habitude d’associer le terme de forêt vierge aux milieux tropicaux. Pensez luxuriance, horizon de lianes, cacophonie d’oiseaux aux couleurs chatoyantes. Ce sont généralement les forêts équatoriales d’Amazonie ou du Yucatan, désignées comme « vierges » (comprendre « dépourvues de toute présence humaine ») dès les explorations des premiers conquistadors pour mieux nier l’existence des peuples indigènes qui en avaient fait leur territoire 2 . Le terme « vierge » est donc davantage une construction culturelle qu’une réalité biologique. Habitées depuis des siècles, elles n’avaient, déjà à l’époque de leur redécouverte par les Européens, de vierges que le nom !

Pour la forêt naturelle, tout est question de degré et d’échelle. On apprécie la naturalité d’une forêt à la richesse de sa biodiversité, à l’absence de perturbation d’origine anthropique, au caractère intact de ses processus écologiques, etc. La forêt naturelle, c’est donc celle qui évolue naturellement (par opposition à un milieu artificiel, totalement maîtrisé par l’Homme). Réserves Naturelles de France retient par exemple le critère d’un « gradient de naturalité » pour classer ses espaces forestiers en « forêts à caractère naturel », selon leur seuil d’anthropisation 3 . L’organisme n’exclut donc pas les forêts affectées par les activités humaines mais s’attarde plutôt sur les caractères de l’écosystème pour en déterminer la naturalité.

Autre quasi-synonyme, la forêt ancienne n’a pas de définition scientifique établie. C’est une désignation du langage courant qui tend à différencier les forêts selon leur âge plutôt que selon leurs qualités. On qualifie généralement d’ancienne une forêt de plus de 150 ans en moyenne (cela peut dépendre selon les milieux). Attention, on y trouve aussi parfois des forêts que l’on qualifierait de secondaires parce qu’elles ont été exploitées, mais dont l’exploitation a cessé depuis suffisamment longtemps pour ne pas laisser de trace. Le critère à retenir est plutôt celui de l’âge des arbres qui la composent, même si les forêts primaires comptent aussi sur les jeunes pousses pour assurer leur renouvellement à l’échelle des siècles !

Enfin, les forêts primitives se confondent généralement avec les forêts primaires. Elles sont, comme les forêts vierges, davantage une construction culturelle qu’une réalité scientifique. Elles désignent un milieu sauvage, que l’on imagine n’avoir jamais été touché par les activités humaines, couvertes d’arbres vénérables et à la biodiversité foisonnante.

2 Géoconfluences. ENS Lyon. 2022

3 Le Patrimoine Forestier des Réserves Naturelles. Réserves Naturelles de France. 2017

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Forêt naturellement régénérée et forêt plantée

La FAO adopte une autre distinction pour caractériser les forêts du monde : celle de forêt naturellement régénérée ou de forêt plantée. Pour l’organisme des Nations Unies, les forêts naturellement régénérées représentent 93% du couvert forestier de la planète. Une définition plutôt généreuse puisqu’elle inclut « toute forêt à prédominance d’arbres établis par régénération naturelle ». Cette catégorie comprend donc les forêts primaires au sens strict, mais aussi les forêts secondaires qui ont pu faire l’objet de coupes, méthodes de gestion et semis, à partir du moment où ces plants représentent moins de 50% des arbres de la parcelle.

À l’inverse, les forêts plantées (7% des forêts du monde) désignent des forêts « à prédominance d’arbres établis par plantation et/ou par semis délibéré ». On y retrouve les forêts de plantation, soumises à une gestion intensive pour la production de bois, de fibres ou d’énergie, et les autres types de forêts plantées dont l’objectif peut être la restauration d’écosystèmes, la protection des sols ou des milieux naturels.

Białowieża © Jessica Buczek

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Bison bonasus Białowieża © Pierre Chatagnon

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Białowieża © Jessica Buczek

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